Ce 28 septembre, partout dans le monde, c’est la journée du droit à l’avortement. Aux quatre coins de la planète, l’accès à l’avortement médicalisé reste minoritaire et conditionné. Même quand il est autorisé, ce droit est remis en question voire menacé.
En Belgique, la crise du Covid a provoqué une diminution des demandes d’interruption volontaire de grossesse (IVG) : accès restreint à la contraception ou encore, pendant les semaines de confinement, difficulté d’accès aux centres de planning. Il est plus que jamais nécessaire que les familles politiques qui ont cosigné la proposition de loi en discussion visant à élargir le droit à l’IVG tiennent leur parole à l’égard des femmes et surtout des plus vulnérables.
Actuellement, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est autorisée que dans 55 pays sur les 197 Etats reconnus. Chaque année dans le monde, 25 millions d’avortements non médicalisés mettent en péril la santé des femmes et causent 50 000 mortes par an.
En Europe, même quand la loi des pays permet l’IVG, les restrictions aux conditions d’accès sont de plus en plus nombreuses. Dans de nombreux Etats membres de l’UE (Hongrie, Italie, Slovaquie, Croatie,…), manœuvres et pressions se multiplient pour empêcher les femmes de décider en toute autonomie. [1]
Depuis des dizaines d’années, les mouvements féministes et les professionnel.le.s de la santé qui accueillent les femmes en Belgique sont mobilisés et le resteront tant que cela sera nécessaire. Ils tiennent à le rappeler plus que jamais en cette journée mondiale pour le droit à l’avortement et appellent à voter la nouvelle proposition de loi améliorant les conditions légales pour une IVG. En faisant de cette proposition de loi un enjeu des négociations gouvernementales, notre pays doit faire face au retour d’une logique idéologique – basée sur la stigmatisation et la criminalisation des femmes, alors que c’est d’un droit à la santé et à l’autonomie de décision des femmes qu’il s’agit.
Les nombreuses actions d’information et de sensibilisation menées ces dernières années ont réussi à faire prendre conscience qu’il fallait réformer la loi. C’en est fini de la politique de l’autruche comme de fermer les yeux sur les 500 femmes qui, chaque année, sont obligées de passer la frontière parce qu’elles ont dépassé, peu ou prou, le délai légal de 12 semaines.
Les détracteurs du texte demandent aujourd’hui d’analyser le profil ethnique, culturel et socio-économique de ces femmes : c’est inacceptable ! Une étude scientifique a déjà démontré que leur point commun était la vulnérabilité, financière, sociale mais aussi éducationnelle.[2] Cela ne suffit pas pour décider de les secourir ? Dans quel pays vivons-nous qu’il faille pointer du doigt les plus fragiles ?
Et ce n’est pas fini ! D’autres attaques envers les droits des femmes se profilent chez nous, comme cette proposition de loi déposée par la NVA et co-signée par le sp.a, qui projette d’enfermer de force les femmes dont le comportement ou la situation de vie compliquée seraient réputés nuisibles à la santé du fœtus… On doit le reconnaître : les menaces sont donc bien présentes, et pour y mettre fin, il est urgent et indispensable de garantir le droit à l’IVG, en le dépénalisant et en assouplissant les conditions aujourd’hui trop strictes.
En conclusion, en Belgique, si les femmes sont des sujets de droit, leur corps reste un objet politique. Nous le dénonçons en cette journée mondiale du droit à l’IVG.
On ne marchande pas sur les droits des femmes !
Source : Centre d’Action Laïque
À lire également: Ce 28 septembre, mobilisons-nous pour le droit à l’IVG
[1] Etat des lieux de l’avortement en Europe, septembre 2020
[2]https://www.researchgate.net/publication/335769822_Characteristics_of_Women_Who_Present_for_Abortion_Beyond_the_Legal_Limit_in_Flanders_Belgium